Menu

samedi 23 août 2014

Interview de Thérèse Ruffault-Jombart, auteur de Qui craint le méchant scorpion

Thérèse Ruffault-Jombart, auteur de Qui craint le méchant scorpion, a été interviewée par Florence Houssais au sujet de cet ouvrage...

Voici l’interview de Thérèse Ruffault-Jombart par Florence Houssais à l’occasion de la sortie de son roman :
Qui craint le méchant scorpion ?


En combien de temps as-tu écrit ce roman ?

Je l’ai écrit en 2 temps. La première étape, il y a 3 ans, ne comprenait pas le dernier chapitre, celui qui montre ce que sont devenus mes personnages 3 ans plus tard. J’ai mis deux mois à l’écrire ; comme toujours, un premier jet rapide car je porte le livre en moi longtemps avant de prendre la plume (si j’ose dire !) et des corrections qui n’en finissent pas. J’ai toujours beaucoup de mal à mettre le point final. Mon papa était encore vivant à cette époque et, même si le livre n’est pas autobiographique, mon père n’aurait pas compris que je puisse écrire des choses comme : « mon père, ce salaud… ». J’ai donc rangé mon roman au fond d’un tiroir. Puis, mon papa est décédé ; j’ai attendu 6 mois avant de ressortir mon manuscrit ; les quelques personnes à qui je l’ai fait lire ont toutes regretté que « le livre ne finisse pas » ! C’était une volonté délibérée de ma part : j’aime assez les livres ou les films que chacun termine comme il l’entend. Mais je me suis laissé persuader et j’ai écrit le dernier chapitre en une soirée et, sans autre réflexion, j’ai envoyé le tout à Michel qui a été tout de suite enthousiasmé.

Avais-tu en esprit toute la trame du roman ?

Oui, sauf, bien sûr, le dernier chapitre. Je fais toujours un plan très détaillé avant de commencer. Mais les choses évoluent en cours d’écriture. Un jour, j’ai l’idée de faire faire à un de mes personnages quelque chose qui n’était pas prévu. Je suis contente alors ; je me dis : « Mon personnage a pris vie, il ne veut plus m’obéir ! » Cela a quelque chose de magique !

Comment passe-t-on de la poésie au roman ?

En ce qui me concerne, c’est le contraire : j’ai commencé par écrire 2 romans, puis un essai/témoignage ; j’ai alors été intronisée Rosati ; j’ai côtoyé des poètes et j’ai eu envie d’écrire de la poésie ; mes amis m’ont encouragée et cela est devenu une passion ! L’état d’esprit est le même ; je crois cependant que la poésie est plus exigeante : c’est une dentelle qui nécessite de choisir avec soin chaque mot et son emplacement. Je crois que j’ai gardé la même exigence dans l’écriture de tout ce que je fais à présent : j’écris de la prose avec plus de soin, de précision qu’avant.

Quelle part de soi-même met-on dans un tel roman ?

Par pudeur, je voudrais ne pas me dévoiler dans mes livres. Mais les gens qui me connaissent bien me disent qu’ils me retrouvent dans quantité de détails. Ainsi, je ne parle que de lieux que je connais, de métiers ou de loisirs qui me sont familiers ; bref, j’essaie d’aborder des sujets que je connais.

Mais dans « le scorpion », c’est un peu particulier : il y a beaucoup de mon enfance dans ce livre, et beaucoup de souffrance, même si, je le répète encore et encore, ce n’est pas autobiographique ! Je ne m’identifie à aucun de mes personnages, mais Sylvie a quelques-uns de mes traits de caractère ! Il se passe une alchimie très complexe entre ce qui est vrai et ce que j’invente.

Ecrire ce roman m’a effectivement permis d’exorciser un souvenir d’enfance traumatisant (mais ce n’est pas du tout celui que je raconte dans le livre !) et je pense que j’ai définitivement tourné une page douloureuse de ma vie.

Peut-on dire qu’il s’agit d’un huis-clos psychologique ?

Oui, c’est comme cela que je qualifierais ce roman.

As-tu encore confiance en la nature humaine ?

Oui, heureusement ! J’ai longtemps vécu « dans un monde de « Bisounours », comme disait mon fils. J’ai mûri, trouvé la force de regarder les choses en face, et admis que l’homme n’est pas foncièrement bon ! En même temps, je pense qu’il faut se montrer indulgent pour nos faiblesses, admettre que l’on est imparfait et l’accepter. Chez moi, cette découverte s’est faite tardivement ! Comme un peintre a ses périodes caractérisées par des couleurs, je suis sans doute dans « ma période noire ». Mais je suis quelqu’un de foncièrement optimiste ; je veux croire que mes petites filles grandiront dans un monde qui ne les malmènera pas trop…mais c’est difficile en ce moment.

Pourquoi cette obsession du scorpion ?

Je n’ai pas l’impression d’être obsédée par cet insecte (bien que je sois du signe du scorpion !) D’ailleurs, ce choix, le titre etc… se sont imposés en cours de rédaction ; ils n’étaient pas prévus au départ. Je me suis documentée car je veux savoir de quoi je parle.

Quel est l’extrême signe d’humanité et d’inhumanité qu’un homme puisse faire ?

Voilà une question très difficile ! Il y a tant de façons d’être humain…et inhumain ! Adopter un enfant me semble être un acte d’humanité. Au départ, cet enfant n’est rien pour toi et tu lui donnes ton cœur, ton nom, ta maison, ton amour, tes biens…tout, quoi !

Quant à l’inhumanité, il me semble que le pire est d’ôter la vie ; mais il y a tant de manière de le faire ! Je préciserai : ôter la vie volontairement et avec cruauté !

Mais voilà une réflexion susceptible de me faire retomber dans ma « période noire » ! Pour conclure sur une note positive, je voudrais dire quelques mots de mes projets : je continue de faire vivre « George Sand » en présentant mon recueil en prison (septembre), dans des salons (octobre, décembre), dans des cafés littéraires (décembre). Quelques-uns de mes poèmes seront lus à la maison de George Sand lors de « Visites nocturnes littéraires et musicales » (le 30 août notamment). J’écris en ce moment pour « Les amis de George Sand » un article sur « George Sand et ses consœurs européennes. La place de la femme intellectuelle au XIXème siècle »

Le 12 septembre sortira un livre d’art intitulé Racines dans lequel 2 femmes peintres : Claire Jombart-Marbach et Siri Knoepffler présentent leurs œuvres. J’ai écrit des poèmes illustrant leurs travaux et j’ai adoré le faire !

Thérèse Ruffault-Jombart interviewée par Florence Houssais

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire