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lundi 23 décembre 2013

Critique littéraire de Derrière le masque

Derrière le masque


Par déformation du traité scientifique, j'avais commencé la critique de « Derrière le masque » de Thérèse Ruffault-Jombart en faisant des chapitres distincts et chronologiques. C'était, je crois, mal percevoir ce beau recueil qui nous livre le parcours d'une vie, celle de l'auteur.

Une vie n'est pas en chapitres, elle est. C'est une construction, une grande interdépendance d’événements . Aucun événement n'existe sans celui qui le précède et sans celui qui va lui succéder.

Le recueil de poésies de Thérèse est une analyse de l'âme. Le masque est vraiment tombé. Les souffrances les plus aiguës y sont révélées avec pudeur et discrétion mais sans ombre . L'honnêteté intellectuelle est de mise partout :

          « je cache une souffrance , celle de n'avoir pu donner la vie ».

Aussitôt la guérison apparaît :

          «  c'est ma cicatrice à moi ».

Ce livre d'une vie est un livre où les plaisirs sont aussi mis au jour tellement Thérèse semble épicurienne :

          «  sur un pont de Venise je suis appuyée ;
          Je caresse le fer du rugueux tablier
          Les sens exacerbés sous le croissant de lune,
          J'admire les splendeurs de la verte lagune »

On dirait du Verlaine, doux et coulant…

J'ai rarement lu un livre aussi honnête et personnel que « Derrière le masque ».

Thérèse se livre sous ses facettes qui sont multiples. On a, au fur et à mesure qu'on avance dans le livre, envie de connaître l'auteur tellement son « être » semble riche .

          « Boire une coupe de vin à deux
          Un bon livre à la main, se réchauffer près du feu
          Prendre la main de l'être aimé
          Et dans la douceur de son corps se blottir , se serrer »

Si ces vers ne sont pas une description parfaite du bonheur….

Une seule blessure qui semble ne pas être emportée par l'élan de vie :

          « J'entends souvent sa voix appeler jour et nuit :
          Maman ! S'écriait-il .J'accourais près de lui.
          Ensemble, on partageait un p'tit bout de sa vie.
          Une femme est entrée dans sa vie,  il l'a suivie »

Regret légitime de Maman à plein cœur.

On découvre au cours des lignes un hymne à la vie . L'auteur pratique le bonheur et c'est tant mieux à notre époque de morosité récurrente :

          « Un tout petit être va naître.
          Ce grand bonheur encore une fois ?
          Je n'espérais pas le connaître.
          La vie est bien douce avec moi. »

          « Je prends la vie en corps à cœur »

J'ai tout aimé dans ce livre. J'ai apprécié la liberté prise par Thérèse de mélanger la prose et les vers. J'avoue avoir lu ce livre comme un ouvrage précurseur, un ouvrage de liberté. Le masque est vraiment tombé et derrière l'humain y est resplendissant.

Si vous avez envie de découvrir la vie, l'humain alors lisez ce livre. Le fond y est sublime et la forme est parfaite… mais l'auteur est professeur de français…

Il y a des pans de vies entiers et différents tellement la vie de l'auteur est riche. Derrière le masque peut se cacher la pudeur dit Thérèse , mais elle s'est affranchie du jugement de « l'autre » pour exister enfin en toute transparence , en toute vérité . On sort de ce beau livre différent de ce qu'on y était entré.

Guy Rambault

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