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lundi 25 juillet 2016

Critique littéraire du Coeur claudiquant

Thierry Moral, auteur de (Parenthèses), nous offre une critique littéraire du Coeur claudiquant, de Denis Barbe



Le coeur claudicant

« Le coeur claudicant » est à cheval entre le roman d'apprentissage, la chronique des temps d'aujourd'hui et l'autofiction. Ce récit est simple. Paul, jeune étudiant plonge dans la vie active après son service militaire. Tout se passe bien sauf pour une chose : les femmes. La langue de la première partie est à l'image du récit : ampoulée et tortueuse, comme l'est le narrateur. L'auteur ne tourne pas autour du pot, même si le personnage ne sait vraiment pas comment s'y prendre. La seconde partie est le récit plus installé, qui s'étire dans le temps et donc très logiquement en longueur dans le récit. Paule rencontre l'âme sœur, même si on se rend compte très rapidement qu'il y a erreur de casting. Il le sait, elle aussi, mais le confort de l'installation et l'immobilisme du quotidien ont raison du bien-être. Il faut dire que la notion de bien-être pour sa compagne dépressive est très relative. En parallèle, le narrateur suit un échange épistolaire avec une américaine rencontrée de passage en France. Cette relation amicale est source de confessions, de connivences et de confiance que l'on ne saurait avoir autrement que par courrier. La vie s'envase, chacun le sait, mais rien ne se passe. Lorsque les sables mouvants se montrent plus retords, les uns et les autres se mettent enfin en mouvement. Le drame ou le trauma y sont (comme souvent) pour quelque chose. Paul quitte sa compagne et part rejoindre son amie américaine sur une île lointaine. Et si le problème venait aussi de lui ? Pour la troisième partie, le récit prend la forme d'une sorte de roman d'aventure, factuel et précis. Les réflexions et cogitos laissent place au concret. Paul avance et rencontre une femme, superbe, mais au pas claudicant. Leur rencontre se fait de manière douce, naturelle, par les actes, la route, le chemin parcouru ensemble. Je me garderai bien de spoiler la fin (j'en ai déjà dit beaucoup). Tout ce que je peux affirmer, c'est que le chemin vaut le détour. J'ai apprécié le ton de la narration, qui tout en étant introspectif, juste et pince sans rire ; s'adapte au récit et se transforme en cours de route afin de mieux épouser la forme de l'histoire. C'est un livre riche, profondément humain, où les questions de l'action, de la passivité, de la différence et de l'insoutenable « lourdeur » de l'être - si je puis dire - nous touchent, sans jamais nous couler. Reste plus qu'à oser s'y plonger.

Thierry Moral

Vous pouvez trouver cette critique et en trouver d'autres sur le site Libfly.com.

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