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dimanche 9 septembre 2012

Critique de "La Cité des Anges", par Bamby

Bamby, auteur de "Poèmes à coeur", nous offre cette critique de "La cité des anges", de Damien Desbordes


La cité des anges

«  S’amasser à terme comme la Foudre
Puis, la Création blottie,
Se dissoudre en majesté
Voilà – qui serait Poésie –

Ou bien amour –ils sont concomitants –
On les prouve tous deux ou aucun – »  
Emily Dickinson

Je ne prétendrais pouvoir analyser la poésie de Damien Desbordes en tant que critique, mais il me tient à cœur de donner mon ressenti en tant que lectrice, et amoureuse de poésie.

J’ai lu « la cité des anges » d’un œil avide, parcouru d’une tension vitale, cloué à la fois par le mystère et la lumière qui se dégageaient des mots. Le langage de Damien est unique, il est une création, spontanée et magique, le jaillissement d’une source intime qui voit et qui sent, par-delà la raison et par-delà les lois de l’homme. Il est le détachement et la pénétration des choses par l’Etre, la voix de la poésie. La poésie de Damien ne s’apprécie pas avec l’œil de la raison mais avec celui de l’esprit, et du cœur. Les mots et la signification passent, si je peux me le permettre, au second plan. Car c’est une toute autre dimension qui naît au-dessus d’eux : la poésie comme un frisson de l’âme, comme un chant incantatoire et libérateur, comme un pont de passage entre fini et infini, entre voile et Réel, entre terre et ciel. La poésie de Damien est aussi la lumière qui dissipe les choses et corrode les matières, fait apparaître les distances, le chaos ; tout comme les proches, les substances, les affinités. Elle est, comme toute poésie que j’estime, une dénonciation intrinsèque de notre vision étroite du monde. Et une aspiration à une beauté qui nous dépasse, et que l’on peut toutefois, avec l’œil du contemplateur, toucher du bout des doigts, deviner à son aura d’Invisible dévoilé. La poésie de Damien me semble touchée par la grâce du témoin, du Poète. La trame formelle est impénétrable et la forme est par là même inattaquable. La poésie de Damien est musicale, tant au niveau du rythme et des sonorités qu’au niveau de l’écho des mots à l’esprit.

Mélangeant les sens, par des vers aussi simplement beaux que «  n’entends-tu donc pas fleurir les lilas ? », fusionnant royalement le concret et l’abstrait, « le poing serré sur les peurs / Et puis le regard qui crache »ou encore « en pleurs devant la grille / De la vie et la mort », Damien sait « se dissoudre en majesté » et aussi, nous révéler des ponts de passage entre ce que l’on nomme distant, par notre regard de société. Les maîtres d’écoles disent souvent aux enfants qu’on leur a « mâché le travail », le rôle d’un poète serait peut-être de dire, comme Damien, qu’on nous a « mâché le regard ». Et d’ajouter qu’il faut construire une nouvelle façon de voir, en dehors de soi et en soi, pour trouver notre « cité des anges » ; ou notre paradis, puisque :
« le paradis est une métaphore
La cathédrale d’un silence roi
Dans les bras chauds su désert » (Damien Desbordes, poème « Départ »).

La poésie de Damien, c’est un Cœur qui déborde. Un cœur qui crie d’être trop à l’étroit, qui crie pour déverser son flot d’amour. Et c’est lui-même qui le dit : « La poésie est un cri du cœur ». Dans « La cité des anges », le cœur qui crie, ou qui chante, est le cœur du Poète, de cet amour du tout, de cet appel à la vie sensible ; et c’est aussi celui de l’homme, de la passion, de la volupté. Je citerai par exemple ces vers magnifiques de « Vague de plaisir » :

« Il est là, l’homme, couché sur une plage blanche de peau,
Non loin de l’onde marine, il voit s’approcher l’heure
Où la vague qui se profile déchainera ses eaux
Où la femme sous ses reins déversera son cœur »

La poésie de Damien, c’est le corrosif qui dissout et c’est l’amour qui unifie le monde épars, à travers le regard musical du poète. Emily Dickinson me rejoindrais peut-être, si je dis que Damien n’a rien à envier aux grands, car il a trouvé sa Poésie. Et que la Poésie de l’un ne se compare à la Poésie de l’autre, car on n’attribuerait une note au cœur qui bat dans les nuages.

Et comme dirait Damien «  La poésie ne s’explique pas, elle se vit », alors je vous laisse le bonheur de vivre la poésie de son cœur, par les yeux de votre cœur propre. Et j’ajouterai simplement un bravo, à Damien, pour sa prise du pouvoir poétique, au sens chamanique du terme, et pour le cadeau d’amour qu’est son œuvre ; ainsi qu’à Michel qui m’a offert la chance de lire cette-dernière et de pouvoir m’exprimer à son propos.

Bamby

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